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Le feu sur la colline

En ces temps-là, ces lieux que l'on nommait rond-points se couvrirent de taches jaunes comme jonquilles au printemps.
Et partout s'allumèrent des feux déchirant la longue nuit que vivaient les gens de cette époque.

   J'ai poussé la barque sur la grève, puis j'ai traversé la plage, en direction des collines toutes proches.
    Aux dernières dunes commence le sentier. J'avance dans le douceur du crépuscule finissant.
    Tendresse de l'air, odeurs de lavande et de thym, de serpolet et de romarin, avec parfois comme une touche vanillée de genêt.
    Blancheur de la sente serpentant dans la lande.
    Au ciel, les étoiles s'allument doucement.
    Voici le flanc de la colline, pente douce qui semble appeler la caresse, bleu sombre sur la peau lumineuse de la nuit. Ascension, pas à pas. Souffle et fuite des cailloux blancs sous le pied. Le sentier raconte que parfois il se fait torrent et joue avec l'orage. Et au détour d'une pierre dressée, la colline devient plateau.
     Le regard bondit d'un coup vers l'immensité, la douce palpitation du serpent d'étoiles me court au long de l'échine...
    Je ramasse une pierre blanche, la flatte un instant de la paume avant de la poser au sommet du cairn.
    Un tas de bois, ceps de vigne desséchés, broussailles de toutes sorte et toute tailles.
    Je m'agenouille, gratte une allumette, allume quelques brindilles.
    Je souffle à la flammèche des sentiers de vent. Elle s'enhardit, devient flamme, découvre le ciel et d'un coup devient brasier. De grandes flammes chantent vers les étoiles en s'ébrouant dans des gerbes d'escarbilles.
    Feu dans la nuit..
    Flammes et étoiles, danse du brasier au mitan de l'univers...
    Au loin, d'autres collines...
    D'autres brasiers s'allument, se répondent, se cherchent. Feux hésitants sur des coteaux lointains, flambées franches sur des sommets éloignés, la nuit tout entière crépite au milieu du silence.
    Debout face au foyer , ma flûte trouve le chemin de mes lèvres et mon cœur commence à chanter.
    Au delà de toute parole des notes s'en vont sur les courants qui les portent au loin. Espoirs et colères, tristesse et amertume, mais en fin de compte la joie...
    La joie de faire partie de cet univers merveilleux.
    Et l'appel à se battre pour cette joie, l'appel à tous ceux qui sont encore assez vivants pour savoir.
    Et d'un coup le silence.
    La grande voix, basse, chaude, vibrante de l'univers...
    Et puis au loin, d'autres sons...
    Tambours, pipeaux, cornemuses racontent à leur tour.
    Longtemps je reste assis près de ce feu qui se fait braises, tandis que les échos s'apaisent doucement et qu'en fin de compte ne reste à nouveau plus que la pulsation du silence, tandis que vient le froid du petit jour...
    Je me remets en route. Vers le bord du plateau, je passe le cairn et apprivoise du pied le sentier qui se tend vers la mer.

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